Trek à Hoang Su Phi

Bon, il faut le dire directement, c’était très beau, hyper dépaysant, absolument authentique, mais vraiment très éprouvant. Sangsues, confort rudimentaire, hygiène minimaliste… mais gens chaleureux, expérience de la vraie vie dans les montagnes reculées du nord du Vietnam encore très très peu touristiques, et paysages époustouflants. 

TRANSPORT

Tout commence par un trajet de 7h en bus local sur une route normale, puis 2h en voiture (4 à l’arrière) sur une « route » complètement défoncée. Le trajet retour est plus long (10h, dont 3h de route défoncée) mais le bus couchette succède à la voiture : on avait jamais vu ça, assez rigolo et vraiment le bienvenu pour récupérer après les 4 jours de treks. 

LOGEMENT, NOURRITURE et MINORITES

On arrive dans un lodge très joli, bien au-dessus des conditions dans lesquelles on pensait être, avec piscine en plus, vraiment chouette. 

Les 3 nuits suivantes se passent chez l’habitant. D’une part, dans la maison d’une famille de Dao rouge. Les animaux (buffles, cochons, poules, coqs, oies) sont au RDC, les 2 chats sont dans la pièce de vie et vont où ils veulent, la grande pièce pour dormir et manger est à l’étage, tout comme la cuisine. L’ossature de la maison est en bois, le reste en bambou, il y a des matelas très fins et durs (mais c’était très bien pour notre dos), et entre chaque matelas, il y a des rideaux tirés pour laisser un peu d’intimité. La cuisine est rudimentaire : un sol, un toit, quelques crochets pour suspendre quelques ustensiles, des grosses marmites et un foyer où ils font des feux de bois de bambou. Autour de l’habitation, il y a un bassin avec des poissons, et un potager avec des fruits (fruits de la passion, fruits du dragon, goyave), des légumes (christophines, grosses courgettes, tomates, potirons, fougères, liseron, et autres feuillages) et des épices (cardamome, petits piments, gingembre et cannelle parfois). Il y a aussi autour des rizières des cultures de soja, de manioc, de cacahuètes, et de thé bien sûr. N’oublions pas le clou des protéines : les vers blancs et les criquets trouvés dans les bambous, et frits. Franchement, on a goûté tous les 4 à quasiment tout et trouvé ça très bon dans l’ensemble !

Ces minorités vivent presque en autonomie : ils ont de la viande, du poisson, des insectes, des fruits et légumes, des épices, du riz, et de l’eau propre provenant des sources partout dans les montagnes, contrairement aux pêcheurs de Cat Ba par exemple qui n’ont que le poisson et doivent acheter de l’eau potable, et les autres denrées.

Terminons par l’explication de la tradition à table : trinquer au saké fait maison (environ 20 degrés) tout au long du repas, à chaque fois qu’une des personnes à un mot à dire à la tablée. Soit une moyenne de 10 verres par dîner : su su kwé ! (c’est écrit comme on le prononçait, on a aucune idée de comment cela s’écrit !)

TREK

1ère journée de trek : 15km. 2ème jour : 12km avec plus de dénivelé. 3ème jour : 7km seulement avec visites et activités dans les rizières. 4ème jour : 14km avec 700m de dénivelé positif en 6km, puis que de la descente.

Passage dans les forêts de bambous, où il y a des sangsues. Il faut marcher sans s’arrêter et regarder ses chevilles régulièrement. On était bien crispés dans ces moments, voire un peu hystériques quand on en avait sur nous !! Notre guide nous apprend également pendant la marche que la semaine précédente avec ses collègues ils ont attrapé un cobra près d’une habitation. Super… Donc on alterne entre passages dans les rizières en terrasse et la forêt de bambous.

Footing du soir dans les rizières avec Nam

Passage en plein milieu de rizières, sur d’étroits chemins d’herbe, il faut parfois être équilibriste. Le riz est encore souvent vert, parfois jaune. On avait calculé pour y être lors de la période de récolte. Mais Nam, notre guide, nous a expliqué qu’il a manqué un peu de pluie et que la récolte sera plutôt dans 2 semaines. Dans cette région, il n’y a qu’une seule récolte par an de riz, contrairement à d’autres régions au cela va jusqu’à 3/an. Les paysans s’entraident pour récolter les différentes parcelles. Quand le riz est jaune, le champ est vidé. Il suffit de creuser pour casser un petit peu la digue de la parcelle, et de bloquer l’arrivée d’eau en amont. Ensuite, le riz est coupé à la faucille et les tiges sont posées sur la bordure pour sécher pendant 1 à 2 jours. Puis les tiges sont portées sur le dos jusqu’à l’habitation et passées dans une machine qui sépare la tige des grains. Il y a après l’étape de séparation du grain et de son enveloppe à l’aide d’une autre petite machine, on obtient du riz blanc. Pour le riz complet, on ne fait pas cette dernière étape. 

La pêche des poissons de rizière et la pêche à la ligne

Dans chaque habitation, il y a un bassin d’eau où sont élevés des poissons. Ils pêchent les poissons à la ligne. Mais il y a aussi des petits poissons qui sont mis dans les rizières, ils se nourrissent des racines des tiges de riz, ce qui leur donne un goût apprécié des populations locales. Ils sont pêchés à la main après avoir vidé le champ (cela prend environ 30min). Voilà ce que ça donne !!!

Visite de l’école primaire

Une arrivée attendue par les écoliers. Nous écoutions scrutés ! Dans cette école : 200 élèves, 17 instituteurs, 1 directeur. Les professeurs ont chacun une ou deux spécialités, qu’ils dispensent aux différentes classes. Axel et Léa ont ainsi participé au cours d’activités manuelles. Ce jour, c’était couture. Puis ils ont offert quelques jeux amenés de France, après avoir fait quelques parties avec les élèves pour leur expliquer les règles.

Partie de memory

Les marchés

Il y a encore quelques années, ces marchés hebdomadaires permettaient aux habitants de venir acheter ce dont ils avaient besoin. Par exemple des buffles pour la culture dans les rizières, des tissus pour coudre leurs vêtements, etc. Aujourd’hui certains villages se transforment en petites villes, les chemins pour y accéder commencent à devenir des routes en béton pour permettre aux scooters de rouler. Mais ce marché reste très important pour les différentes minorités car c’est aussi un lieu d’échanges et de rencontres pour les jeunes. On y voit les gens habillés de leur costume traditionnel, différent selon la minorité à laquelle ils appartiennent (Dao rouge, Hmong, Dao à tunique longue, Nung). Les plus âgés parlent le dialecte de leur minorité, et ne comprennent pas le vietnamien. 


10 réflexions sur “Trek à Hoang Su Phi

  1. waouw quelle super expérience avec les enfants!! le trek, la pêche à main nue, les habits traditionnels, les criquets, les vers, l’école, les jeux avec les enfants et… les sangsues!!! tu m’étonnes que vous étiez hystériques quand l’une d’entre elles se collaient à vous, quelle horreur! 😉 bon repos après votre super trek les loulous!

    Aimé par 2 personnes

  2. Quelle belle immersion dans le pays ce trek ! Belles rencontres pour adultes et enfants, activités sportives comme la pêche à la main. Bravo pour avoir manger les criquets et les vers.
    su su kwé … bisous

    Aimé par 1 personne

  3. Mais quel bonheur de passer ces moments avec vous !
    Perso, je fonce sur les articles des enfants, pour la fraicheur de leurs points de vue, avant de lire plus en détail les récits de vos aventures, comme ici.
    Une petite question quant à l’organisation : à quel niveau de finesse avez-vous planifié vos étapes avant le départ (guides, visite d’école, trek…) ? Une grosse partie était organisée à l’avance ou ça se fait au fil de l’eau, en fonction des propositions sur place, de la météo… ?
    En tout cas, 1000 mercis à vous 4 de prendre le temps pour ce partage… j’attends d’être au Japon avec impatience 😉
    😘

    Aimé par 1 personne

    1. Salut Bruno,
      Pour ce trek côté organisation nous sommes passés par une agence qui proposait les services d’un guide francophone car dans cette partie du Vietnam l’anglais n’est pas du tout pratiqué, les chemins pas balisés, et les routes peu praticables (trous, passages dans la boue, pentes à plus de 15%…).
      Les différentes minorités parlent leur propre dialecte (que notre guide ne comprenait pas non plus) et aussi le Vietnamien.
      On avait pas mal échangé en amont avec eux pour notamment pouvoir participer aux travaux ruraux et visiter une école.
      Les étapes du trek et les nuits chez l’habitant étaient bien définies, en revanche pour l’école nous devions initialement visiter une école maternelle mais notre guide a pu nous emmener voir une école élémentaire, plus adaptée pour Léa et Axel donc c’était top.

      Aimé par 1 personne

    1. On était avec un guide francophone qui traduisait tout en vietnamien. On a croisé quelques habitants Daos rouges et Daos à tuniques longues plus anciens qui eux ne parlaient que leur dialecte et là notre guide ne comprenait pas… Mais de manière globale plus la dose de Saké augmentait, au mieux on se comprenait !

      Aimé par 1 personne

  4. Retour à l’essentiel avec des gens qui vivent de la terre et de leur labeur, qui n’ont presque rien et en même temps l’essentiel et semblent heureux comme vous le décrivez très bien. Ça doit être un choc et faire réfléchir j’imagine sur nos conditions de vie occidentale!!
    Bravo aux enfants pour le trek il faut enchaîner quand même! Les paysages semblent vraiment beaux. On voit bien les vidéos (pas les photos). J’imagine le stress avec les sangsues 😅
    Merci de nous faire partager ces moments exceptionnels 🙏
    On vous embrasse😘

    J’aime

Répondre à Desamble Annuler la réponse.